Une maman explique parfaitement pourquoi elle n'apprend pas à ses enfants à partager...
À la maternelle de mon fils, il existe des règles régissant le partage. C’est un établissement en partie géré par les parents, donc de telles règles sont nécessaires pour que tout le monde soit logé à la même enseigne. Selon ce règlement, un enfant a le droit de conserver un jouet aussi longtemps qu’il le désire. Si un autre enfant veut jouer avec, il doit attendre que le premier enfant ait fini de l’utiliser. Nous mettons même un jouet de côté pour un enfant s’il doit s’absenter pour aller aux toilettes, manger, etc, afin qu’un autre enfant ne le lui prenne pas. Cela s’applique non seulement aux jouets, mais aussi aux balançoires et autres jeux de plein air dans la cour de l’école.
Initialement, je n’ai pas vraiment compris l’utilité de telles règles. Je me suis simplement pliée à celles-ci, sans vraiment me poser plus de questions. Les enfants connaissent tous ce règlement, donc une fois les deux premières semaines d’école passées, ils ne protestent plus vraiment si vous leur dites que “tu pourras jouer avec une fois que Sally Jo aura terminé.” Mais ces derniers temps, j’ai remarqué que l’attitude des gens vis-à-vis du partage était totalement différente dans d’autres lieux où nous nous rendons, et ça m’a permis de mieux comprendre l’intérêt de notre règlement.
Deux habitudes de partage discutables.
Voici quelques exemples d’habitudes de partage discutables que j’ai vues récemment. La première, je l’ai vue chez une de mes amies. (et j’espère qu’elle ne m’en voudra pas de l’utiliser comme exemple). Un jour, elle était au parc, accompagnée de son fils de 24 mois. Il avait amené une de ses petites voitures pour jouer. Un autre enfant, un peu plus vieux, voulait jouer avec la voiture, et demandait que le fils de mon amie la lui donne. Les deux enfants se sont naturellement disputés, jusqu’à ce que la mère de l’autre enfant dise à son fils : “Visiblement, sa maman ne lui a pas appris à partager.” Et ce bien que la voiture lui appartienne, et que lorsque l’on vous demande de partager, rien ne vous oblige à accepter.
Mon second exemple s’est produit un matin au centre aéré local. Le vendredi matin, la salle de sports y est remplie de petits garnements qui escaladent les structures, grimpent dans des voitures en plastique, font du tricycle, jouent avec des balles, sautent dans un château gonflable… Pour faire simple, c’est le terrain de jeu idéal pour les petits. Là, il y a une voiture rouge que mon fils adore ; la dernière fois, il l’a conduite pendant l’heure et demie que nous avons passée là-bas. La plupart des mères des plus petits sont constamment derrière ceux-ci, mais mon fils est suffisamment vieux pour que je puisse prendre un peu de distance, et le laisser jouer. Ce jour-là, j’ai donc pu voir une mère s’approcher de mon fils, pour lui demander à plusieurs reprises de laisser son enfant jouer avec la voiture rouge. Mon fils a refusé, naturellement, et elle a finalement abandonné. Il y avait pourtant des dizaines d’autres voitures disponibles, dont une quasiment identique à celle de mon fils. Mais j’aurais peut-être dû intervenir.
Des leçons pour la vie réelle.
Je suis en désaccord profond avec la réaction de ces mères. Pour moi, c’est handicaper un enfant que de lui faire croire qu’il peut avoir quelque chose que quelqu’un d’autre utilise, simplement parce qu’il le désire. Et je comprends très bien que l’on puisse vouloir donner le maximum à son enfant ; je partage ce sentiment. Mais c’est une bonne leçon que d’apprendre que l’on ne peut pas tout avoir dans la vie, et qu’il ne faut pas marcher sur la tête d’autrui pour parvenir à ses fins.
Qui plus est, ce n’est pas ainsi que fonctionnent les choses dans la vie réelle. Une fois adulte, votre enfant va croire que tout lui est dû. On peut déjà voir ce phénomène à l’oeuvre au sein de la génération actuelle. J’ai lu un article fascinant au sujet des jeunes d’aujourd’hui, qui demandent des augmentations et des promotions professionnelles pour diverses raisons comme “je viens tous les jours au travail”.
Et si vous n’êtes pas d’accord, songez un instant à votre quotidien d’adulte. Vous ne prendriez pas la place de quelqu’un dans la file d’attente du supermarché, simplement parce que vous n’avez pas envie d’attendre. Et la plupart des gens ne prendraient pas quelque chose à autrui (par exemple une paire de lunettes ou un téléphone) simplement parce qu’ils en ont envie. (Quoique, peut-être le feriez-vous. Auquel cas cet article n’est pas pour vous.)
Être un parent est difficile, mais apprenons plutôt à nos enfants à s’habituer à être déçu, car cela leur arrivera régulièrement. Et nous ne serons pas toujours là pour les consoler. Apprenons-leur à obtenir ce qu’ils désirent par le biais du travail, de la patience et de la volonté.
Que pensez-vous des notions de partage chez les jeunes enfants ? Vous n’avez probablement pas de “règlement”, puisque moi non plus, je n’en avais pas avant de rejoindre l’école maternelle de mon fils. Mais je vois, autour de moi, que tout le monde possède un point de vue différent sur la question. Peut-être que nous devrions tous avoir une bonne discussion à ce sujet.
Par Lafontaine Alice
Rédactrice
Passionnée d'écriture et de littérature, j'exerce aujourd'hui la profession de rédacteur web spécialisée. J'aime m'informer et partager mon savoir avec les autres.